mardi 27 octobre 2015

Témoins dans la ville

«Heureux les artisans de paix, Car ils seront appelés fils de Dieu» Matthieu 5, 9

A La Rochelle, des croyants des trois religions monothéistes se rencontrent régulièrement. Ils organisent des manifestations, concerts, conférences, débats….
Leur propos: témoigner dans la ville que les religions peuvent exprimer une parole commune, en particulier lors d’événements dramatiques, comme la tuerie à Charlie Hebdo, ou à propos de l’accueil des migrants…

Être curieux de l’autre

Juifs, chrétiens, musulmans reconnaissent leur origine en Dieu et se savent appelés à Le rencontrer. Dieu est unique, mais chaque religion a sa propre histoire et sa propre interprétation. Favoriser une écoute réciproque et confiante, dans le respect des différences culturelles et religieuses, comprendre l’autre dans son altérité: voilà l’esprit qui anime ces rencontres.


De G à D: Père Jean-Pierre Samoride, Abdallah El Hamidi,
Père Christophe Roucou, Tareq Oubrou
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Une pédagogie du dialogue

Le groupe rochelais a étudié le livre d’entretiens «Le prêtre et l’imam», où le père Christophe ROUCOU, prêtre de la mission de France, et le grand imam de Bordeaux Tareq OUBROU lancent un appel au dialogue entre chrétiens et musulmans.

Le public de la conférence,
le 22 septembre 2015 à la salle de l'Oratoire à La Rochelle
Afin de sensibiliser un large public à l’urgence d’un dialogue interreligieux, les auteurs de cet ouvrage ont été invités à La Rochelle. Le 22 septembre 2015, dans la grande salle de l’Oratoire, plus de deux cents personnes ont assisté aux débats.

Tareq OUBROU rejette d’emblée la notion de choc des civilisations et parle de choc des ignorances. Pour lui, l’école a un rôle essentiel pour développer une pédagogie du dialogue. Dans la devise de la République "Liberté, Égalité, Fraternité", la Fraternité a une place à part. En effet, des lois régissent la liberté et l’égalité mais la fraternité est laissée à l’appréciation de chacun. C’est un terrain sur lequel les croyants peuvent s’engager, dans un esprit de paix. D'où un appel à la responsabilité personnelle pour vivre pleinement sa vie de citoyen et, le cas échéant, de croyant. Il s’agit là d’engagements pour le monde et non pas de débats théologiques.

Le premier lieu du dialogue est le service de l’autre. Le père ROUCOU cite la parabole du bon Samaritain. Jésus ne s’est jamais laissé emprisonner dans des barrières cultuelles et religieuses. Quant au salut, Christophe Roucou et Tareq Oubrou affirment que Dieu seul en détient le mystère.

Une laïcité bien comprise

Les conférenciers ont également évoqué la laïcité. L’État doit pratiquer une laïcité d’abstention et non pas une laïcité d’exclusion des religions, ce qui serait une perversion de la loi de 1905. La République n’a pas compétence pour juger les croyances. Citant Paul Ricoeur, Tareq Oubrou parle de «laïcité de confrontation». Un débat exigeant, au sein de la société civile, dans le respect des opinions de chacun, ouvre un chemin de paix où des hommes, des femmes, porteurs d’espérance, s’engagent avec confiance… Christophe Roucou, Tareq Oubrou sont de ceux-là.








Christophe ROUCOU, Tarek OUBROU, 
Le prêtre et l'imam, entretiens avec Antoine d'Abbundo, 
éditions Bayard, 2013







mardi 13 octobre 2015

Ces femmes qui ont osé au nom de l'Évangile

Tous les étés, depuis plus de vingt ans, le temple de Bergerac est ouvert chaque jour de 15 heures à 18 heures pour une exposition sur le protestantisme.
L'intitulé de cette année : Ces femmes qui ont osé...

Douze panneaux présentent des pionnières remarquables par leur audace et leur résistance. Ils proviennent de l'exposition « Femmes d’espérance – femmes d’exception... ces protestantes qui ont osé », créée par les femmes du groupe d'Orsay.
La paroisse de Bergerac a réalisé pour sa part deux panneaux sur les fondamentaux du protestantisme.

Du XVIème siècle à nos jours, à la suite et dans l'esprit de la Réforme protestante, des femmes ont fait face aux défis de leur temps. Elles ont ouvert des brèches dans des sociétés inégalitaires et perturbées. En effet, dès le début de la Réforme, des femmes de toutes conditions, des couvents jusqu'aux cours royales, embrassent les idées nouvelles.

Marie Dentière, gagnée aux idées de Luther, fuit son couvent. Elle défend la Réforme dans une perspective féministe. Son audace la fait se heurter aux autorités religieuses de Genève. Elle est considérée comme l’une des premières théologiennes laïques féministes.

En 2002, le nom de Marie Dentière a été inscrit
sur le Mur des Réformateurs à Genève.
C’est le seul nom de femme qui y figure.

Katarina van Bora, oeuvre de Lucas Cranach l’ancien.










« Avons-nous deux Évangiles,
l’un pour les hommes, et l’aultre pour les femmes ? 
L’un pour les sages, et l’aultre pour les folz ? 
 Ne sommes-nous pas un en nostre Seigneur ? "
                                 
Marie Dentière, 
Espitre tres utile, 1539





En 1523, Katarina van Bora quitte aussi le couvent pour rejoindre la Réforme. Plus tard, elle épouse Martin Luther.

Au XVIIe et XVIIIe siècle, on trouve aussi des femmes exceptionnelles par leur détermination. C'est le cas de Marie Durand, emprisonnée dans la tour de Constance, à Aigues-Mortes, après la révocation de l'Édit de Nantes. C'est sans doute elle qui a gravé «résiste» dans la margelle du puits de la prison.


Au XIXe siècle, des femmes encore ont eu des initiatives remarquables. Ainsi, Catherine Malvesin fonde un refuge pour les prostituées, une infirmerie, une école de garde-malades, un internat pour jeunes filles, une école maternelle. Avec le pasteur Vermeil, elle est à l'origine de la communauté des Diaconesses de Reuilly.

Et que dire du XXe siècle? Madeleine Barot, Antoinette Butte, Suzanne de Dietrich font l'objet d'un panneau. Elles ont en commun d'avoir fait de la résistance aux idées nazies. Elles sont aussi à l'origine d'institutions et/ou de mouvements bien vivants dans le protestantisme: la Cimade pour Madeleine Barot, la communauté de Pomeyrol pour Antoinette Butte, le Renouveau biblique pour Suzanne de Dietrich.



Hôpital des Diaconesses à Paris. Bâtiment Caroline Malvesin et pasteur Vermeil.

Ces portes ouvertes ont permis à la paroisse de Bergerac de rencontrer différentes personnes de tous horizons, étrangers, français et même bergeraçois qui entraient pour la 1ère fois dans un temple.

Pour commander l'exposition «Femmes d’espérance – femmes d’exception... ces protestantes qui ont osé», voir http://femmesdesperance.blogspot.fr (le groupe d'Orsay est une association de femmes protestantes "cherchant, avec des croyantes d'autres confessions et d'autres religions, à approfondir les liens entre féminisme et foi chrétienne")