mardi 22 mars 2016


Portraits de deux missionnaires à la double culture - 2. Simon ASSOGBA

Animateur théologique et membre de l’Eglise Protestante Méthodiste de France,  Simon Assogba, marié et père de trois grands enfants (18, 15 et 10 ans), est également membre de l’Equipe Régionale Mission de la région parisienne.
Un homme engagé dans l’Eglise Protestante Méthodiste de France
L’Eglise Protestante Méthodiste de France est née le 1er décembre 2015. Elle est le fruit de rassemblement des frères et sœurs venant de divers horizons : Bénin, Côte d'Ivoire et France. Cette communauté, d’expression française, à laquelle participe Simon, souhaite se rapprocher de l’EPUdF et a choisi des statuts qui la différencient des autres  Eglises Méthodistes.
L’histoire des Eglises Méthodistes en région parisienne a été mouvementée ces dernières années. Car la plupart de ces Eglises sont administrées depuis des milliers de kilomètres et elles ne baptisent pas les enfants, ce qui est un point important de leur doctrine. Alors que les Protestants Méthodistes de la communauté de Simon  ont la tradition de baptiser les enfants.
Le centenaire de l’EMUCI (Eglise Méthodiste Unie de Côte d’Ivoire) – 2014
ERM : Quelles relations gardent les membres de l’Eglise Protestante méthodiste de France avec les églises d’origine ?
SA : Nous retournons souvent au pays si nous en avons les moyens. A la paroisse Cité de Grâce de Nouveau Koumassi d’Abidjan, ou au Temple Emmanuel de Djegan-Kpevi à Porto-Novo au Bénin. Par ailleurs nous avons gardé la manière de vivre de nos églises d’origine.  Un membre de l’Eglise doit s’inscrire obligatoirement dans « une classe » qui est une sorte de mini-église, une cellule de prière. S’il a une prédisposition, il peut demander une formation de prédicateur par le biais de sa « classe » qui est animée par un « conducteur » ou une « conductrice ». Les « classes » se réunissent chaque semaine. Au Bénin, le membre doit également se confesser devant le pasteur. Actuellement l'organisation s’appuie sur quatre prédicateurs, deux hommes et deux femmes, qui assistent le Révérend Pasteur dans la gestion spirituelle de la communauté avec le concours des conducteurs et conductrices de classes méthodistes. Ils sont tous les quatre bi-nationaux.
ERM : Qui est votre pasteur ?
SA : Nous avons le Révérend Pasteur Tiburce  Paul KPAMEGAN, qui est en année de recherches doctorales. Il est venu le premier dimanche de l’année 2016 pour notre fête, un événement important dans notre année liturgique. Chez les protestants méthodistes, le premier dimanche de l’année est l’occasion de reprendre l’engagement avec Dieu, - je veux te servir- par un renouvellement d’alliance, une profession de foi qu’on retrouve dans une liturgie spécifique.
ERM : Quel lien voulez-vous créer avec l’EPUdF de Plaisance ?
SA : Nous sommes en France et  nous devons travailler avec les Eglises sœurs, en l’occurrence l'EPUDF dont nous partageons la sensibilité théologique et liturgique. Nous chantons en français avec le livret « Gloire à Dieu ».  Nous sommes accueillis par la paroisse de Plaisance et nous nous réunissons actuellement tous les dimanches dans un de ses locaux.
ERM : Comment votre Eglise a reçu la décision synodale de l’EPUdF concernant la bénédiction des couples de même genre ?
SA : Il y a des fidèles qui sont tombés des nues quand ils ont appris cela. La plupart ne veulent pas de ces mariages homosexuels, ils ne les approuvent pas.
J’ai participé à un séminaire théologique de la CEVAA au Bénin où j’ai eu l'occasion d'animer une rencontre commencée à 22 heures. Nous avons entrepris une longue discussion jusqu’à une heure du matin sur ce sujet. J’étais perçu comme un homme de la double-culture et on attendait de moi des explications.
Il y avait des pasteurs très opposés, spécialistes de l’Ancien Testament comme ce pasteur congolais qui refuse catégoriquement ces bénédictions. D’autres, comme ce pasteur Rwandais, souhaitaient comprendre, ne pas se cantonner dans l’opposition. Je leur ai expliqué qu’en France, l’EPUdF se veut une église de compassion qui accueille chacune et chacun, où les pasteurs sont libres de faire ou de ne pas faire des bénédictions de mariage de personnes de même genre.

Propos recueillis par Christine Villard – ERM région parisienne - Paris Montparnasse Plaisance.